Accord européen pour sauver la Grèce : « lance flamme » ou « machin » ?
La Grèce est sauvée et c’est le moins que les dirigeants de la zone euro pouvaient faire. Mais en quoi consiste ce plan et surtout que signifie-t-il à long terme ?
L’accord qui se dessinait depuis quelques semaines s’est précisé et on a bien affaire à une participation mixte public/privé pour venir en aide à la Grèce. Les États de la zone euro et le FMI débloquent une nouvelle rallonge de 109 milliards d’euros qui s’ajoute à celle de 110 milliards accordée en 2010. Le secteur privé s’engage, quant à lui, à 135 milliards d’euros de financement sur 30 ans et les créanciers privés se voient offrir l’opportunité d’un échange de titre, d’un accord de roulement sur la dette ou encore d’un programme de rachat de titre. Le Fonds Européen de Solidarité Financière (FESF) est renforcé et devrait, selon l’engagement franco-allemand, être capable d’emprunter sur les marchés secondaires pour réguler les mouvements spéculatifs. Selon un négociateur européen, les FESF serait même devenu un « lance flamme » en se transformant en version régionale du FMI.
Cependant tout ne va pas pour le mieux. L’idée française d’une taxe européenne sur les banques (qui devait moins ralentir les flux financiers que doter Bruxelles de fonds propres plus importants) a été sacrifiée par l’Allemagne qui n’en supportait pas le principe et la trouvait trop compliquée à appliquer. En contrepartie la France a réussi à négocier l’accroissement du rôle du FESF (décrit plus haut). Les euro-obligations n’ont pas vu le jour mais Jean-Claude Juncker, président de l’Eurogroupe, signale que le résultat final démontre que le tandem franco-allemand fonctionne encore en dépit de ce qui a pu être dit dernièrement. Enfin, les autres États européens de la zone euro ne bénéficiant pas de programme de soutient se sont engagés à réduire leur déficit public à moins de 3% de leur PIB d’ici 2013.
Les agences de notations, certainement encouragées par les accusations européennes, ont sanctionné la Grèce. En effet, si l’annonce du plan a rassuré les marchés, Fitch a immédiatement déclaré qu’elle placera la note d’émetteur de la Grèce en « défaut partiel » très prochainement. Pour l’agence, la faute de l’eurozone a été de recourir à des acteurs privés ce qui constitue pour elle un événement « de défaut partiel ». Elle a même menacé d’en faire de même pour le Portugal et l’Irlande, ce qui a refroidi l’enthousiasme des marchés. Les discussions autour de cet accord ne sont pas terminées car politiquement il reste à la chancelière allemande à rendre compte au Bundestag (la chambre basse) qui avait exigé la participation du secteur privé alors que le débat sur le renflouement de la Grèce fait rage en Allemagne. Or ce même Bundestag doit se prononcer cet automne sur le MES, mécanisme permanent qui doit prendre la succession du FESF après 2013. En France au contraire, l’opposition trouve le plan à peine suffisant et de faible ambition. Trop d’Europe d’un côté du Rhin, pas assez de l’autre.